CEFC

[CEFC Taipei X EFEO Taipei] Les élections présidentielle et législatives taiwanaises de 2020: Analyse des résultats et perspectives

 01/13/2020

 14:00-16:00
 Salle de conférence 1, RCHSS, Academia Sinica
Frank Muyard

Conférence CEFC-EFEO

Lundi 13 janvier 2020, 14h

Salle de conférence 1, RCHSS, Academia Sinica

Les élections présidentielle et législatives taiwanaises de 2020:

Analyse des résultats et perspectives

 

Frank Muyard

EFEO / Université Nationale Centrale, Taiwan

 

Résumé:

Le 11 janvier 2020, les électeurs taiwanais sont appelés aux urnes pour la septième élection présidentielle au suffrage universel direct du pays. Depuis 2012, ce scrutin est organisé conjointement aux élections pour le renouvellement du Yuan Législatif, offrant l’opportunité aux électeurs de renouveler la représentation démocratique nationale en son entier. Après sa large victoire de 2016, la présidente taiwanaise Tsai Ing-wen se représente pour un deuxième mandat, associé cette fois à son ancien premier ministre William Lai Ching-te sur le « ticket » du Parti Démocratique Progressiste (DPP, Minjindang). Face à eux, le Kuomintang (KMT, Parti nationaliste chinois) est mené par Han Kuo-yu, maire de Kaohsiung élu en 2018 sur une vague de popularité sans précédent, associé à Simon Chang San-cheng, dernier premier ministre de Ma Ying-jeou en 2016. Comme aux deux derniers scrutins, James Soong Chu-yu, président du Parti du Peuple Premier (PFP, Qinmindang) est aussi candidat, associé cette année à Sandra Yu Hsiang, femme d’affaire du milieu publicitaire.

La campagne électorale a de fait commencé aux lendemains de la large défaite du DPP aux élections locales de novembre 2018 qui semblait annoncer une réélection difficile voire impossible pour la présidente Tsai. Depuis une série d’événements a largement changé la donne. En politique intérieure, l’arrivée du vétéran de la politique Su Tseng-Chang comme nouveau premier ministre, la légalisation du mariage pour tous, la bonne tenue de l’économie et l’envolée de la bourse se sont combinés avec des évolutions internationales marquantes comme le durcissement de la position de Pékin envers Taiwan, les événements politiques de Hong Kong et la guerre commerciale sino-américaine, pour renforcer la crédibilité de la ligne réformiste de Tsai et le soutien envers sa politique chinoise. Au sein des partis politiques taiwanais, l’année 2019 a aussi été marquée par des conflits internes intenses ainsi que l’émergence d’un nouveau parti centriste, le Parti du peuple taiwanais (TPP, Taiwan minzhong dang), sous l’égide du maire indépendant de Taipei, Ko Wen-je. Au final, Tsai Ing-wen est sortie renforcée de la primaire surprise imposée par Lai Ching-te sous la pression des factions les plus indépendantistes et conservatrices du DPP, avant que les deux ne scellent l’unité du parti par leur candidature commune. Le KMT, lui, reste divisé après le choix de Han Kuo-yu et de sa ligne populiste contre l’establishment et les modérés du parti, et la défection du milliardaire taiwanais et aspirant candidat à la présidence Terry Gou Tai-ming. La campagne de Han axée sur un retour à l’argent facile des années 1980 et des relations plus étroites avec la Chine semble aussi ne pas être en phase avec l’électorat, même si il rencontre un fort soutien parmi les groupes continentaux unificationnistes ainsi qu’auprès d’une partie des classes populaires, notamment semi-rurales, marginalisées par la mondialisation capitaliste.

Aux législatives, le mode de scrutin est à un tour et mixte, avec 73 députés élus directement dans des circonscriptions uninominales, 34 élus à la proportionnelle sur liste de partis, et 6 sièges réservés aux candidats des communautés autochtones. Si la campagne présidentielle tend à mobiliser l’attention des médias nationaux et des capitales étrangères, la bataille sur le terrain est tout autant occupée par l’issue des législatives, avec la possibilité d’un “vote divisé” (split-voting), non seulement entre le scrutin uninominal et le scrutin de liste, mais aussi avec le vote pour la présidence. En conséquence, les deux élections pourraient rendre des résultats politiquement différents menant au retour d’une division du pouvoir entre l’exécutif et le législatif ou à la formation de nouvelles coalitions politiques, notamment en fonction des résultats du TPP et d’autres petits partis comme le NPP (New Power Party, Shidai liliang), le PFP ou le Parti Vert.

Parallèlement à l’analyse des résultats et de leur portée sur l’évolution politique intérieure comme extérieure de Taiwan, la présentation se penchera sur les changements éventuels en termes de mobilisation et d’ancrage partisans parmi les différentes couches de la population en comparaison avec les scrutins des années précédentes.

 

Affiche (2)

Subscribe